Espagne : le pouvoir torpille le Code du travail
Jeu 16 Fév - 16:45
Espagne : le pouvoir torpille le Code du travail
Le gouvernement de droite impose une réforme ultralibérale qui met en pièces les droits individuels et collectifs du salarié en consacrant la liberté de licenciement. Les syndicats se mobilisent le 19 février.
«Injuste pour les travailleurs, inefficace pour l’économie, inutile pour l’emploi. » Les Commissions ouvrières (CCOO) et l’Union générale des travailleurs (UGT) se mobilisent, le 19 février, contre la réforme du marché du travail. Lundi, les deux principales confédérations espagnoles ont réitéré leur position face à Fatima Banez, la ministre du Travail du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Les syndicats, qui n’ont jamais été consultés, fustigent une réforme qui ne s’attaquera pas au problème structurel du chômage, alors que Madrid en détient le record absolu des pays industrialisés, avec 5,3 millions de chômeurs. Au contraire, font-ils valoir, elle aggravera cette tendance pourtant déjà lourde.
Épousant les thèses « austéritaires » du FMI et de Bruxelles, ce décret-loi garantit la liberté de licenciement à moindre coût. Ainsi, l’indemnisation d’un salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) sera désormais de 33 jours, contre 45 actuellement, par année travaillée dans l’entreprise, avec une limite de deux ans, contre trois ans et demi. Les entreprises pourront également faire valoir le licenciement économique au motif d’une baisse de leurs revenus « durant trois trimestres consécutifs » — ce qui est plutôt courant en période de récession. Le salarié licencié n’aura plus droit alors qu’à 20 jours d’indemnisation par année travaillée et plafonnée à un an, indépendamment de son ancienneté. Fait nouveau également, ces motifs pourront s’appliquer aux entités et organismes publics. Au nom de la « flexibilité », la réforme institutionnalise aussi « la mobilité » du salarié, qui pourra voir changer ses horaires, sa fonction mais également son salaire.
Autre cadeau octroyé au patronat : les entreprises en perte de vitesse économique durant six mois pourront ne plus appliquer les conventions collectives. De fait, ces dernières se retrouvent mises à l’index au profit de conventions prévalant dans l’entreprise. Au prétexte de résorber le chômage des jeunes (48 %), le gouvernement prévoit toute une batterie d’incitations financières et de déductions fiscales pour les entreprises de moins de 50 salariés afin qu’elles embauchent des jeunes de moins de 30 ans et des chômeurs de longue durée avec un CDI différencié. Des « minijobs » qui ne disent pas leur nom. Enfin, en lieu et place de créations d’emplois, le gouvernement souhaite contraindre les chômeurs à effectuer un travail d’intérêt général.
Autant dire que jamais un gouvernement n’avait osé aller aussi loin dans le torpillage des droits du salarié. Madrid entend ainsi donner des gages à la Commission européenne. Le ministre de l’Économie et ancien responsable de la banque Lehman Brothers pour la péninsule Ibérique, Luis de Guindos, avait assuré récemment au commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, que le gouvernement adopterait une réforme « très agressive ». Elle l’est à ce point que l’idée d’une grève générale n’est pas à écarter pour dire no à ce que les Espagnols appellent déjà le « decretazo » (décret pourri).
http://www.humanite.fr/monde/espagne%E2%80%89-le-pouvoir-torpille-le-code-du-travail-490119
Le gouvernement de droite impose une réforme ultralibérale qui met en pièces les droits individuels et collectifs du salarié en consacrant la liberté de licenciement. Les syndicats se mobilisent le 19 février.
«Injuste pour les travailleurs, inefficace pour l’économie, inutile pour l’emploi. » Les Commissions ouvrières (CCOO) et l’Union générale des travailleurs (UGT) se mobilisent, le 19 février, contre la réforme du marché du travail. Lundi, les deux principales confédérations espagnoles ont réitéré leur position face à Fatima Banez, la ministre du Travail du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Les syndicats, qui n’ont jamais été consultés, fustigent une réforme qui ne s’attaquera pas au problème structurel du chômage, alors que Madrid en détient le record absolu des pays industrialisés, avec 5,3 millions de chômeurs. Au contraire, font-ils valoir, elle aggravera cette tendance pourtant déjà lourde.
Épousant les thèses « austéritaires » du FMI et de Bruxelles, ce décret-loi garantit la liberté de licenciement à moindre coût. Ainsi, l’indemnisation d’un salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) sera désormais de 33 jours, contre 45 actuellement, par année travaillée dans l’entreprise, avec une limite de deux ans, contre trois ans et demi. Les entreprises pourront également faire valoir le licenciement économique au motif d’une baisse de leurs revenus « durant trois trimestres consécutifs » — ce qui est plutôt courant en période de récession. Le salarié licencié n’aura plus droit alors qu’à 20 jours d’indemnisation par année travaillée et plafonnée à un an, indépendamment de son ancienneté. Fait nouveau également, ces motifs pourront s’appliquer aux entités et organismes publics. Au nom de la « flexibilité », la réforme institutionnalise aussi « la mobilité » du salarié, qui pourra voir changer ses horaires, sa fonction mais également son salaire.
Autre cadeau octroyé au patronat : les entreprises en perte de vitesse économique durant six mois pourront ne plus appliquer les conventions collectives. De fait, ces dernières se retrouvent mises à l’index au profit de conventions prévalant dans l’entreprise. Au prétexte de résorber le chômage des jeunes (48 %), le gouvernement prévoit toute une batterie d’incitations financières et de déductions fiscales pour les entreprises de moins de 50 salariés afin qu’elles embauchent des jeunes de moins de 30 ans et des chômeurs de longue durée avec un CDI différencié. Des « minijobs » qui ne disent pas leur nom. Enfin, en lieu et place de créations d’emplois, le gouvernement souhaite contraindre les chômeurs à effectuer un travail d’intérêt général.
Autant dire que jamais un gouvernement n’avait osé aller aussi loin dans le torpillage des droits du salarié. Madrid entend ainsi donner des gages à la Commission européenne. Le ministre de l’Économie et ancien responsable de la banque Lehman Brothers pour la péninsule Ibérique, Luis de Guindos, avait assuré récemment au commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, que le gouvernement adopterait une réforme « très agressive ». Elle l’est à ce point que l’idée d’une grève générale n’est pas à écarter pour dire no à ce que les Espagnols appellent déjà le « decretazo » (décret pourri).
http://www.humanite.fr/monde/espagne%E2%80%89-le-pouvoir-torpille-le-code-du-travail-490119
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum