Abdelaati Iguider: «J’aurais voulu offrir au Maroc la médaille d’or»

Abdelaati Iguider: «J’aurais voulu offrir au Maroc la médaille d’or»

Après sa médaille d’or au Championnat du monde en salle le printemps dernier en Turquie, Abdelaati Iguider a décroché, mardi, la médaille de bronze sur l’épreuve du 1 500 mètres. Il permet ainsi au Maroc de faire son entrée au tableau des médailles. Dans cet entretien accordé au «Matin», Iguider revient sur sa course et surtout sur l’atmosphère qui entoure l’équipe nationale d’athlétisme après les révélations de dopage qui ont terni l’image de cette discipline reine au Maroc.

Le Matin : Quel est votre sentiment en remportant cette médaille de bronze ?
Abdelaati Iguider : Je suis fier d’avoir gagné cette médaille de bronze. J’aurais aimé offrir au Maroc une médaille d’or, mais la malchance et les bousculades en cours de course m’ont un peu gêné. Mais grâce à Dieu, j’ai réussi lors des 100 derniers mètres à décrocher la médaille de bronze. J’avais l’ambition de faire une performance meilleure que celle-ci, mais «hamddoulillah», il vaut mieux cette médaille que rien.

La suspicion qui entoure certains athlètes marocains après les révélations de dopage n’a-t-elle pas affecté votre rendement lors de cette finale ?
Je m’attendais à cette question. Pour ne rien vous cacher, on a été très affectés par ce qui s’est passé. Tout le monde a été touché. Il y avait même certains athlètes qui ne se sont pas entraînés, tellement ils ont été anéantis par ce qui s’est passé. Et malgré toute cette atmosphère délétère qui a pesé lourd sur le moral, j’ai pu remporter une médaille. Ce n’était pas chose facile. Peut-être que sans ces problèmes, j’aurais pu avoir une médaille d’un autre métal.

Après l’éloignement d’Amine Laâlou et de Meriem Alaoui Selsouli, la responsabilité d’offrir au Maroc une médaille en athlétisme reposait désormais sur vos épaules. Cette pression et l’obligation de résultat ne vous ont-elles pas perturbé pendant la course ?
La pression était immense. Lors des 600 premiers mètres de la course, je ne pensais qu’au Maroc et au public marocain qui attendait une médaille. C’était une grosse pression. Mais, grâce à Dieu, mes efforts ont été récompensés, même si j’ai été bloqué par un athlète éthiopien, puisque j’ai pu offrir au Maroc sa première médaille. Je remercie énormément le public qui m’a soutenu.

En demi-finale, vous avez montré une aisance au finish. Est-ce que vous n’avez pas dévoilé toutes vos cartes à vos adversaires lors de cette course ?

Tout à fait. Et c’est probablement ce qui a incité les athlètes kenyans à mettre en place une stratégie pour me contrer. En demi-finale, j’ai réalisé ma meilleure course cette année sur le 1 500 mètres avec un chrono de 3.33:99. Sans la stratégie kenyane et l’athlète éthiopien qui m’a trop gêné, j’aurais pu réaliser un immense exploit, comme lors de la demi-finale. J’avais envisagé de prendre l’initiative lors des 500 derniers mètres, mais tout ne s’est pas déroulé comme je le voulais.

Est-ce que vous n’avez pas été trahi par votre finish ?
Non. C’est difficile d’avoir un finish époustouflant quand on doit changer à chaque fois de rythme au cours d’une course. J’ai changé de rythme à plusieurs reprises pour essayer de m’extirper du milieu des autres athlètes qui m’enfermaient et c’est là où j’ai laissé des forces. Heureusement que le peu de forces qu’il me restait, je les ai déployées pour décrocher la médaille de bronze.

L’année 2012 est votre meilleure saison depuis que vous pratiquez l’athlétisme (médaille d’or en Championnat du monde en salle et médaille de bronze aux JO), comment expliquez-vous cette réussite ?
Cette année est une année olympique, chose qui n’arrive que tous les quatre ans. J’ai travaillé durement pour être là. Mon travail a donné ses fruits lors du Championnat du monde en salle au printemps dernier en Turquie où j’ai décroché la médaille d’or. Ensuite, toute mon intention s’est portée sur les Jeux olympiques. Je voulais offrir au Maroc une médaille d’or parce que je me sentais bien physiquement, mais la malchance et les bousculades ne m’ont pas permis de prendre l’initiative suffisamment tôt. L’athlète éthiopien Gebremedhin Mekonnen m’a barré la route et m’a empêché de sortir à temps. Mais j’ai pu en fin de course décrocher la médaille de bronze.
Iguider qualifié dans l’épreuve du 5 000 mètres

Après sa médaille de bronze, mardi, sur le 1 500 m, Abdelaati Iguider s’est qualifié mercredi en finale du 5 000 mètres en se classant cinquième de sa série. Pari donc réussi pour Iguider qui a pu se qualifier, hier, en finale du 5 000 mètres, quelques heures seulement après avoir décroché la médaille de bronze sur le 1 500 mètres. Le Marocain a terminé cinquième de la série n°2 en réalisant un chrono de 13.15:49.
Publié le : 8 Août 2012 - Propos recueillis à Londres par Abderrahman Ichi, LE MATIN

http://www.lematin.ma/journal/Entretien-avec-Abdelaati-Iguider-medaille-de-bronze-aux-JO_J-aurais-voulu-offrir-au-Maroc--la-medaille-d-or/170081.html